Le 3e pilier est-il un produit de prévoyance adapté aux travailleurs indépendants ? Quels avantages offre-t-il ? C'est ce que nous allons voir ensemble.
Le 3e pilier lié est un produit de prévoyance assez populaire chez les travailleurs salariés puisqu’il permet à la fois de pallier les lacunes du 1er pilier AVS et du 2ème pilier LLP, mais aussi de constituer une réserve d’argent pour préparer leur avenir.
Mais qu’en est-il des indépendants (en raison individuelle) qui doivent eux-mêmes assurer leur prévoyance ?
Vers quelles formules doivent-ils se tourner ? Le pilier 3A peut-il constituer une sécurité supplémentaire au moment de la retraite ?
À la différence des employés qui doivent également cotiser au 2ème pilier, le travailleur indépendant a pour seule obligation de cotiser au premier pilier qui comprend seulement l’assurance vieillesse et survivants (AVS) ainsi que l’assurance invalidité (AI).
Au moment de la retraite, le 1er pilier seul permet de toucher au minimum un peu plus de CHF 1'225 par mois (si le travailleur indépendant a au moins cotisé 20 ans sans interruption) et au maximum CHF 2'450, des revenus largement insuffisants pour espérer avoir un niveau de vie correct en Suisse, et encore le montant des rentes AVS a été revu à la hausse en 2023.
Face à ce constat, il est essentiel pour les travailleurs indépendants de souscrire à une solution de prévoyance complémentaire.
Bien que les personnes à leur compte n’aient pas l’obligation de cotiser à un 2e pilier, ce n’est pas pour autant que ce type de prévoyance leur est fermé. En effet, un indépendant peut souscrire à un 2e pilier facultatif auprès d’une association professionnelle correspondant à son corps de métier ou auprès d’une caisse de pension pour les professionnels (fondation supplétive LPP). Les avantages d’un 2ème pilier facultatif sont assez nombreux :
Néanmoins contrairement à d’autres types de prévoyance, le montant des versements du 2ème pilier reste moins flexible, ainsi cette solution n’est pas nécessairement adaptée à tous les profils, surtout en cas de revenus irréguliers.
Tout travailleur indépendant peut souscrire à un 3e pilier afin de préparer sa retraite et de bénéficier d’une couverture en cas de décès ou d’incapacité de gain, si le contrat est souscrit auprès d’une assurance.
Selon son profil et ses attentes vis-à-vis de sa prévoyance privée, le souscripteur peut opter pour un 3e pilier A classique (compte d’épargne) pour un 3e pilier A en titres (fonds de placement), ou encore pour un 3e pilier A mixte dont une partie des sommes versées est investie sur les marchés et le reste placé sur un compte épargne.
Le 3ème pilier A pour les travailleurs indépendants donne également droit à des déductions fiscales intéressantes, correspondant à 20 % au maximum des revenus nets d’exploitation dans une limite de CHF 35’280.- par an (en 2024).
Dans le cadre d’un 3e pilier, la déduction d’impôts est plafonnée à CHF 35’280.- or, pour un 2ème pilier facultatif, le plafond est beaucoup plus élevé. À titre d’exemple, un indépendant avec un revenu imposable de CHF 250 000.- pourra potentiellement déduire CHF 62'500.- par an. Un travailleur indépendant avec un revenu important a donc tout intérêt à opter pour un 2ème pilier.
Dans le cas contraire et en dessous de CHF 176'400.- par an, le 3e pilier lié représente une solution de prévoyance fiable, et même davantage flexible puisqu’un retrait anticipé est plus facilement envisageable que pour un 2ème pilier.
Il est tout à fait possible de cumuler un 2ème pilier facultatif et un 3ème pilier et dans certaines situations, cette solution est même plus avantageuse pour le souscripteur que cotiser simplement à un 2ème pilier ou de constituer un capital dans le cadre du 3ème pilier. Néanmoins les déductions fiscales potentielles peuvent se révéler plus faibles à cause du cumul.
Si un troisième pilier est une solution de prévoyance privée pertinente pour les travailleurs indépendants, les employés affiliés à l’AVS peuvent également demander le retrait anticipé de leur 3e pilier pour financer leur activité. Il faut toutefois noter que le retrait d’un 3e pilier, lorsqu’il est souscrit auprès d’une assurance, met fin aux différentes couvertures incluses, ce qui peut représenter un risque.
Aussi, si l’activité indépendante s’avérait infructueuse, le manque à gagner au moment de la retraite serait plus difficile à compenser.
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